Jean Christophe Rufin (de l'Académie Française) = CHECK-POINT.
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Avalez ces phrases exquises......
P.199 : # Ils s'étaient arrêtés et elle s'était plantée devant lui. Leurs visages étaient proches. Elle sentait son souffle. Elle entrouvrit les lèvres et il les prit.
Il la serrait fort contre lui et elle suivait avec des mains impatientes le relief de ses muscles qui affleuraient sous sa chemise de laine. Leurs baisers étaient violents, avides, comme s'ils avaient trouvé dans ce corps à corps le moyen d'exprimer toute la révolte et toute la passion, toute la rage et tout le désespoir dont, un instant plus tôt, ils étaient silencieusement dévorés.
- Viens, murmura-t-il, en se détachant d'elle et en l'entraînant par la main. Il n'y avait plus aucun obstacle à leur désir, seulement la voluptueuse résistance des vêtements qu'ils se retiraient mutuellement, avec des gestes maladroits et fébriles. L'air froid du dortoir, la toile rêche du matelas et les montants de fer du lit trop étroit ne faisaient qu'accroître leur ardeur.
Leur étreinte désordonnée avait l'allure d'un combat, un combat où il n'y aurait ni vainqueur ni vaincu et dont le but ultime était de ne plus former qu'un seul corps, dressé contre la violence du monde qui l'entourait.
Maud, jamais, n'avait voulu subir cette épreuve car elle la voyait comme une insupportable humiliation. Chez tous les garçons qui l'avaient approchée, elle sentait la même impatience à prendre le pouvoir sur elle, en lui infligeant cette blessure, et elle n'avait jamais éprouvé pour aucun d'entre eux assez d'amour pour s'y soumettre.
Elle était vierge par orgueil, par défi. Mais là, dans ce lieu qu'elle n'aurait pas su nommer, dans l'inconfort d'une maison dévastée, elle accueillait sans crainte cette douleur intime, tant elle la désirait. [....] Elle sentait le sang couler d'elle et elle imaginait au grand jour la tache rutilante briller dans ce décor sinistre... Elle cria.
Il caressait ses cheveux en désordre et contemplait son visage sur lequel la lueur de neige qui entrait par la baie vitrée jetait une fine poudre bleutée.
- Tu es si belle, dit-il. / Et elle le crut. Ce compliment qu'elle avait toujours repoussé comme un jugement indiscret, elle l'acceptait de lui et désirait pouvoir toujours en être digne.
Elle l'embrassa de nouveau à pleine bouche. Du bout sensible de ses doigts, elle caressa rêveusement les tatouages qui couvraient les bras de Marc, ces mêmes tatouages qui avaient provoqué d'abord son dégoût et qui, dans la pénombre, ressemblaient au relief damassé d'un tissu précieux. #
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Du "presque-parfait". (on connaît le plus-que-parfait en conjugaison ; le presque-parfait me paraît déjà très proche de ce que, moi, je conçois comme la vérité). Pierre-Jean
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L'histoire, en deux mots : "L'envers et l'enfer d'un convoi humanitaire. Une héroïne et des milices. Balkans et faux-semblants. Taux d'adrénaline maximum."
"A tout de suite"! Pierre-Jean